Stopper l’hémorragie dans la profession

Studyrama – La profession vétérinaire en France traverse une période alarmante, caractérisée par une perte annuelle significative de praticiens qui soulève des préoccupations majeures.
Au-delà des chiffres, il faut s’interroger sur les raisons profondes de cette tendance et dans cette tribune Emeric Lemarignier, président du syndicat des groupes d’établissements vétérinaire, propose des pistes de réflexion pour repenser la formation et le métier de vétérinaire.

« Il faut stopper l’hémorragie dans la profession vétérinaire » - Tribune du syndicat des groupes d’établissements vétérinaires

La profession vétérinaire fait face à une situation alarmante : chaque année, le tableau de l’Ordre enregistre une perte nette d’une centaine de vétérinaires. Moins de praticiens, c’est davantage de déserts vétérinaires et un risque sanitaire accru dans de nombreux territoires. Comment une profession, qui fait rêver tant de nos enfants autant qu’elle suscite de désillusions chez ceux qui l’exercent, a pu en arriver là ?

Emeric Lemarignier, Président du syndicat des groupes d’établissements vétérinaire

Faciliter l’accès aux formations

L’une des causes de la baisse du nombre de vétérinaires est à rechercher dans le modèle de formation à la française. Les études vétérinaires sont les plus longues et les plus sélectives d’Europe, ce qui restreint drastiquement le nombre de diplômés au sein d’une filière qui en a pourtant bien besoin. Plus que la question du niveau d’exigence du diplôme, c’est celle de l’accessibilité aux formations qui est posée. Près d’un étudiant sur deux choisit de suivre ses études à l’étranger et un tiers des vétérinaires inscrits au tableau de l’Ordre sont titulaires d’un diplôme non délivré par une école française. Malgré tous leurs efforts, les cinq écoles vétérinaires (dont quatre sont publiques) que comptent la France ne parviennent à compenser les centaines de diplômés qui manquent à l’appel au sein de la profession.

Des lives à ne pas manquer !

Studyrama vous propose un événement d’orientation digital inédit autour des métiers avec les Animaux !
RDV le 19 décembre de 16h à 20h pour échanger avec des spécialistes de cette thématique et assister à de nombreuses conférences live. Vous pourrez ainsi trouver toutes les réponses à vos questions de chez vous !

Améliorer les conditions de travail

Car dans le même temps, nombre de vétérinaires déchantent face à la réalité crue d’un métier parfois bien éloigné de celui qu’ils avaient pu imaginer. Conditions de travail dégradées, heures supplémentaires, tâches administratives répétitives ou encore tensions avec les propriétaires d’animaux sont autant de facteurs qui conduisent des praticiens à rendre leur blouse. Preuve que le mal est profond, près d’un vétérinaire sur deux quittant la profession a moins de quarante ans. Pire, selon une étude du professeur Truchot publiée en 2022, les vétérinaires sont deux fois plus à risque d’idées suicidaires que les professionnels de santé humaine.

Sous l’effet conjugué d’un appareil de formation saturé et de conditions d’exercice parfois dégradées, l’érosion du nombre de vétérinaires fait peser une grave menace sur la permanence et la continuité des soins dans de nombreux territoires. Face aux signaux d’alerte qui se multiplient, des mesures fortes doivent être prises pour préserver et revitaliser cette filière essentielle à la santé publique.

Repenser le métier de vétérinaire

Tout d’abord, il est nécessaire de construire une offre de formation renforcée, plus en prise avec les réalités du terrain. À cet égard, l’ouverture d’une cinquième école publique en France semble indispensable. Parallèlement, une consultation de grande ampleur doit être menée sur l’amélioration de la qualité de vie au travail. Enfin, la délégation d’actes aux auxiliaires spécialisés vétérinaires ou la création d’un statut d’infirmier vétérinaire représentent des pistes concrètes pour améliorer les conditions d’exercice des professionnels de santé animale.

Plus largement, l’heure est venue de repenser notre modèle vétérinaire. À titre d’exemple, la France voit depuis quelques années se développer le statut de vétérinaire salarié, auquel de nombreux professionnels aspirent pour se décharger de tâches administratives chronophages et sources de stress, et pouvoir ainsi revenir à l’essence même de leur métier : le soin. Si les groupes qui les emploient réunissaient 2% des vétérinaires en exercice en 2019, ce chiffre est passé à 19% fin 2022, selon une étude du cabinet Asterès. Il est temps de nous mettre au diapason de nos voisins européens qui ont déjà largement engagé la modernisation de leur modèle vétérinaire, en permettant le développement sans entrave de toutes les formes d’exercice, et en respectant la liberté de chacun de choisir son avenir professionnel.

C’est à ces conditions, dans la concorde et le dialogue, que l’on parviendra à stopper l’hémorragie dans la profession vétérinaire, au risque sinon de mettre en péril l’accès aux soins partout et pour tous.

Source : studyrama.com

Facebook
Twitter
LinkedIn

Nos articles & nos ressources !

Cliquez ci-dessous pour retrouver l’intégralité de nos articles et pour télécharger toutes nos ressources.